Description
DONOSO CORTES
par Louis Veuillot, 1862
Le 4 janvier 1849, un membre du parlement espagnol parut à la tribune pour donner son avis dans une discussion
sur la politique générale. Il appartenait à la majorité conservatrice, et il venait répondre à l’un des chefs du parti progressiste, nommé M. Cortina. On débattait la thèse qui se débat sans fin entre le Gouvernement et l’opposition, partout où la
tribune exerce quelque empire. Le Gouvernement avait maintenu l’ordre au milieu des redoutables crises de 1848 ; l’opposition lui reprochait d’avoir blessé la légalité. On s’était de part et d’autre exercé assez éloquemment ; la joute avait
satisfait au décorum parlementaire, elle pouvait finir. Au fond il n’existait pas plus de division dans les esprits que de
doute sur le vote. L’exemple de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, était là : progressistes et conservateurs voyaient
suffisamment clair aux lueurs de la foudre. L’honorable M. Cortina, tout le premier, s’accommodait d’une illégalité qui,
écartant la république, le préservait de l’ignominie d’être conservateur à son tour. Un discours de plus semblait donc
inutile ; personne ne trouvait nécessaire de réfuter davantage M. Cortina.